lundi 7 mars 2011

Alex Harvey a-t-il bien fait ?

Il y a quelque chose de bizarre qui ressort de ces formidables mondiaux de ski de fond 2011.  Une frustration médiatisée. Et deux certitudes:  Alex s'est fait tout un prénom comme futur top 10 pour de nombreuses années lors des grands rendez-vous. Et Pierre est maintenant le père d'Alex...

Ses performances ont été hallucinantes. Sa capacité à produire sous pression itou. Dans un tout autre registre, un gardien de but avec le #33 avait aussi cette capacité psychologique.  Pas de rapport au niveau sportif mais entre les oreilles, le kid, il l'a on dirait. Peaker itou.  Bravo à son coach Louis Bouchard.

Là où j'ai le goût de m'attarder c'est à la décision d'Harvey de ne pas prendre le relais 4 x 10 km l'avant-veille du 50 km.  À sa place, l'auriez-vous fait ce relais ?

Ma réponse personnelle est, NON. Non parce qu'émotivement j'aurais au besoin de ces journées pour me recentrer. Sur le plan mental, mais aussi physique. C'est pas de sa faute s'il y a autant d'épreuves.  En plus, il voit et ressent qu'il est dans un peak d'enfer, est-ce que c'est intelligent de brûler des cartouches pour presque rien, lire peu de chance de grandes performances ?

Babikov, l'un des relayeurs, a réagit fortement à l'annonce du retrait d'Alex du relais.  Faut se mettre à sa place. Le Canada perdait son meilleur atout, donc tout chance de monter dans le top 5 (??).  Au fond, le problème en est un de communication qui a engendré de la frustration.  Ça se comprend. Peut-être que les consignes étaient quand même claires quand aux possibilités qu'Alex ne fasse pas le relais, mais que Babikov l'espérait avec une pensée magique ? 

C'est comme quand votre blonde vous dit: Mon Amour, peut-être qu'en fin de semaine on n'ira pas faire le centre d'achat.  T'espère en cibole qu'elle tienne cette idée mais si le samedi matin t'es fru parce qu'elle est assise dans le char à t'attendre à 9 hre, c'est que t'as mal compris.  Parce qu'elle avait dit "peut-être". Maudit mot.

Comme en athlétisme, la particularité avec le ski de fond est que c'est avant-tout un sport individuel.  Lorsque dans les grandes compétitions les athlètes doivent faire équipe, là ça peut faire des étincelles.  Mélange, mixte de personnalités et souvent des gros égos et ambitions à mettre ensemble, bref pas toujours évident. L'athlète d'endurance consacre presque la presque totalité de ses efforts à l'entraînement pour bien performer ou gagner des épreuves individuels et ce, sur plusieurs années.  Alors arrive un relais dans un championnat du monde. Là l'athlète doit mettre en perspective ses possibilités d'obtenir les meilleurs résultats.  Il n'y a pas de technique tant que ça à pratiquer dans un relais en ski de fond.  Ce n'est pas le 4 x 100 mètres en athlétisme où chaque millisecondes comptes.  Le relais, c'est la somme des capacités individuelles x 4 et ça donne un temps pour ton pays.  Comme le sprint à 2 qu'ils ont gagnés.  Si t'as Armstrong de ton bord, t'es chanceux. Sinon c'est tant pis.

Sans absolument rien enlever à Alex, il ne domine pas encore son sport. Quelle certitude il avait de participer au relais et de ne pas se scraper pour le 50 km individuel, une course qu'il voulait bien performer ?

En exemple, si Michael Phelps n'avaient pas été aussi dominant aux derniers Jeux Olympiques en natation, est-ce qu'il aurait fait tous les relais en plus de ses courses individuelles ? Pariez qu'il y avait des nageurs qui avaient choisi moins d'épreuves pour se donner de meilleures chances de médailles.  C'aurait été différent si le temps du relais en ski de fond avait compté pour disons, préparer une poursuite de 30 bornes, on gages-tu qu'Alex aurait participé ?! 

Dans le cas du Canada en ski de fond, si tu perds ton king pin, tes chances de médailles s'en trouves fortement affectées.  Là en plus il en manquait 2 parce que Kershaw était sur le cul ou presque. Pour l'instant la profondeur de l'équipe (le manque de, si l'on compare à un pays comme la Norvège...) devait être une des frustrations de Babikov.  Il savait ses chances anéantis si les deux médaillés d'or passaient leur tour au relais.  Ça se comprend très bien.  Mais la violence de sa réaction envers Harvey, ça ce fut bien dommage.  Surtout que pour une fois que l'on parle de ski de fond...! 

Comme lorsque Jacques Villeneuve a remis la F1 en popularité au Québec (c'est drôle, lui aussi avait un père qui avait tracé...la track...) il se peut, toute proportion gardée, qu'Alex fasse découvrir ce sport à de nombreux canadiens.  Allo la terre ! C'est tu pas Georges Laraque qui a mentionné la semaine passée ne pas connaître ce sport à l'émission Le Match ?!  Même les hockeyeurs savent c'est qui Alex maintenant, on aura tout vu !  Haaaa et une dernière fois chose, son index sur la bouche à la victoire au sprint...c'tais parfait !  Il s'en est bien sorti en entrevue mais on avais tous compris...chhhuuut, c'est moi le king today !!!

Pariez que la prochaine fois, vous allez bien saisir qu'il se peut vraiment que votre blonde vous attende dans le char pour aller magasiner.  Gardez espoir, c'est tout...mais ne soyez fru, juste déçu.

Alex Harvey a-il-bien fait ?  Il a terminé 5 ième à des poussières du podium...

1 commentaire:

  1. Excellent commentaire! Je n'ai pas vu la "montée de lait" de Babikov... mais je peux imaginer!

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