mardi 9 novembre 2010

Le début...jusqu'à la commandite !

24 années de souffrance volontaire.  Vous m'avez pas vu aux Olympiques ? Voyons ! Je n'y étais pas, comme tous ceux que vous croisez sur les routes à vélo !  J'ai par contre compétitionné contre certains qui y sont allés par contre.  Tenez par exemple, John Malois, probablement le cycliste québécois ayant le rapport grosseur de cuisse/vitesse de pointe le plus petit depuis 20 ans au Québec ! Ça fait 20 ans qu'il me passe au sprint comme si j'étais arrêté (en fait c'est pas vrai, depuis mon début de vie professionnel, quand il y a un sprint de masse casse-gueule j'me tasse avant...). Depuis son championnat canadien junior (17-18 ans) à Fort McMurray en 89 (qui connaissais ça dans le temps, les sables bitumineux...)  où nous devions, en tant que membre de l'Équipe du Québec, le faire gagner jusqu'à l'an passé où il m'a passé à 200 mètres de la ligne au championnat canadien des hasbeen de 30-39 ans alors que j'me voyais déjà dormir avec le maillot d'érable résultat d'une fin de course suicide de ma part...bouhhhhh. 

Que de temps parcouru depuis mon premier jogging officiel au Lac Brome à l'automne 86 avec mon Walk-Man Sony jaune et la musique de Footlose au dans les oreillles ou encore de Sleepery When Wet de Bon Jovi.  Merde à part la technologie et les cheveux gris, y a tu eu du changement, encore ce matin je joggais avec le chien et mon Ipod...et du Trance...

Dès mes 10 ans j'ai un souvenir d'être allé joggé tout seul alors qu'une tante m'avais amené en Europe voir un cousin.  Je jouais au soccer et au hockey à ce moment.  À 13 ans, j'ai braillé alors qu'un copain n'avait pas snappé l'puck assez fort vers un gardien adverse...j'pense qu'à ce moment j'ai, (et mon père a...), compris, que le gars s'rais mieux dans un sport individuel...

Fallais le faire. Aller jogger tout seul, sans personne ni coach.  Mon training à 14 ans se résumait pour mes permières semaines à faire une boucle de 4-5 kilos, le plus vite possible à chaque fois...non mais c'est tu pas de la motivation intrinsèque ! J'avais dans les pieds parmi les pire shoeclacks possible pour les genoux d'un ado...Comment ça se fait que j'ai pleins d'amis qui ont le même pattern ? Qu'ils n'ont pas ou si peu arrêté depuis, c'est fou ! Aux courses le dimanche, plusieurs gars sont les mêmes qu'il y a 10 ans, 15 ans, 20 ans !!!  Ça doit être comme ça, si tu joues au hockey tu va finir dans une ligue de garage, nous, notre ligue de garage, ce sont les courses maîtres de bécik, de ski, de jogging...pour d'autres c'est se taper un triathlon Ironman à 40 ans, à 50 ans...

Qu'est-ce qui motive un gars de plus de 35 ans à s'entraîner dans un sport d'endurance ? L'argent ? Ça va pas ? Au Québec, un maître sur le podium d'une course populaire en vélo de route (plus de 50 coureurs) réussira à payer son gaz et son inscription tout au plus.  (Au fait, maintenant déménagé à Rimouski après avoir passé par Sherbrooke et Trois-Rivières, on s'entend que je n'entrerai jamais plus dans mon gaz...). La gloire ? Coup donc, une course provinciale n'est même pas mentionnée dans les journaux populaires, alors si le hasard fait qu'un journaliste plug la course, ce n'est pas des maîtres qu'il parlera...et au Québec, à part les mardi de Lachine et maintenant l'ex Pro-Tour...et pourtant au mérite, on les montent aussi les boss de Charlevoix ! Certains très rapidement par ailleurs, et ce, après avoir travaillé toute la semaine, torché la maison et les petits...

Les athlètes-maîtres qui compétitionnent en ski de fond, vélo (route, montagne, piste, cyclocross), triathlon, course à pied, canot (long parcours, vitesse, glace) ou natation sont issus du même moule.  Ce sont des drogués.  Ouaip.  Des drogués à la défonce.  Des drogués à l'endorphine. Des gens qui sont tombés dedans en bas âge. Des masochistes également.  Aucun de ces sports n'est "relax" on s'entend.  Il y a aussi des crinqués tardifs, des gars qui ont fumé et eu une bédaine dans la vingtaine et après s'être fait plaqué par leur ex ont décidé de se prendre en main et de changer leur vie (nous les gars, on ne peut pas beaucoup changer notre coupe de cheveux après une séparation...faut ce qui faut !).

Et qui paie pour tout ce bordel ? Nous !  Combien ça coûte ? Difficile à dire, qui peut (veut) répondre ? Ce n'est pas un poste budgétaire que l'on place sur Budget Express, question que la conjointe nous revienne pas avec ça.  Remarquez par contre la hausse vertigineuse des filles de plus de 30 ans dans ces compés, franchement rafraîchissant !

Alors donc sur les 24 ans, ça se peut que mes parents aient contribué pour 4-5 années, le temps d'avoir une job d'étudiant (oui oui celle là auquel vous ne pensiez plus et où vous vous imaginiez dans le futur qu'avec 30 000 $ par année, ça ferait de vous quelqu'un de riche...). Arrive après les années séniors, dispendieuses puisque tant qu'à être au peak de la forme, on en profite ! Personnellement j'ai sauté les premières années afin de rattraper mon immaturité cégépienne et me bâtir un futur professionnel. Après 4 années d'absence j'en pouvais pu, retour dans le cercle fermé des gars-qui-montent-et-descendent-la-même-criff-de-côte 10-12 fois le mercredi soir de temps en temps avant souper...tout cela devant LE résident du pied de la côte qui se demande en esprit ce qu'on y fait et que l'on doit rassurer sur le fait que nous ne sommes pas des voleurs entrain de l'épier...

Personnellement, dans mes années sénior, y avait une équipe forte (Trek-Volkswagen) et nous (ceux qui avait une job d'été, qui allait à l'école...bref les 60-70 autres gars) on se partagait ce qui restait entre la 8 ième et 55 ième place...c'est à dire pas une cenne ! Ça semble avoir bien changé depuis, les clubs sérieux émanants du peloton cyclistes québécois sont de plus en plus nombreux. Et les gars vont enfin en Europe...C'est presque plate pour le gars qui a commencé à travailler tôt dans sa vie, pas de chance de partage de revenu (!) à moins de t'appeler JF Laroche (gagnant des Lachine entre autre l'an passé et pratique le droit...) et d'avoir un moteur V10 à la place du coeur !  Alors pour les commandites, pour sauver de l'argent on fait quoi ? On tête le gars qu'on connait à la boutique de vélo !  J'vous avais pas dis que le coureur cycliste est un sacré têteux d'prix ? Ben celui qui paie de sa poche une passion aussi dispendieuse avec tous les efforts (physiques et psycho) que cela demande en vient presque à penser que le deal lui est dû !  C'est con hein ? Pas tant que ça ! On ne coûte rien à l'État pour nos soins de santé, alors fais moi 15% sinon j'vais chez l'voisin d'en face !!!

Le fait extrême du coureur maître: plus tu vieillis, plus tu accordes de l'importance au matériel.  Alors forcément ton bécik va te coûter plus cher, ton linge va sentir meilleur, tes cuissards vont te faire moins mal au cul, va y avoir moins de trous dedans...mais tout ça a un prix.  Arrive alors l'idée d'un copain qui veut partir un club de bike avec des bons jack.  Un bon vélo de compé, y a pas grand chose en bas de 2500 $ et j'suis généreux.  Alors après 18 années sans commandite des parents, le balancier était de retour il y a 3 ans !  C'est fou, à 29-30 on avance comme des jets, mais à 38 ans c'est là que les bobos ressortent (j'y reviendrai dans un autre post) , la galère familiale (...) et celle du travail (...(...)...) alors l'idée d'avoir une commandite, oubliez ça ! Pour l'instant Trek est mon copain, Shrek aussi. Pas directement mais disons que j'aime beaucoup l'idée de passer pour un hot à mon âge avec tous les commandites d'imprimé sur le gilet...c'est mieux et plus sain je trouve que ceux que je croise avec un maillot de l'équipe nationale acheté en boutique...Bon parmis vous y a des gens qui sont commandités par un ami, par votre employeur, par une compagnie de bike, tant mieux si c'est le cas depuis que vous êtes pubère, moi c'est la première fois ! Jamais eu le guts de me monter un genre de CV, surtout pas dans l'temps de Bob Desmarais et ses bikes en colombus SL fait à la main !!!

Alors forcément, dans l'temps, j'devais être moi-même un têteux.

4 commentaires:

  1. Méchante thérapie mon Z!
    Je me reconnais pas mal là dedans! Moi mon commanditaire principal c'est JF Blais Inc. J'ai eu de la chance dans les belles années du vélo de montagne à la fin des années 90 mais ce temps là est passé...
    As-tu déjà lu le livre ''Besoin de Vélo'' de Paul Fournel? Super bon, tu devrais lire ça ou on devrait tous donner ça à nos blondes! Tu comprends tellement c'est quoi qu'un cycliste vit ou ressent. Peut-être que juste un cycliste ou méga sportif peut comprendre aussi??
    Continu de me faire rire ou brailler! Pis de rouler avec un Trek!

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  2. C'est beau sa, bonne initiative avec ce blog tu vas permettre à beaucoup de passionnés cyclistes dont les meilleurs années sont derrière eux de se retrouver à l'aide de tes textes. Les adeptes de vélo et autres sports d'endurance au Québec sont majoritairement dans la trentaine ou plus vieux, tu rejoins donc un vase public.

    Bonne chan

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  3. Bon définitivement, j'envoie ta chronique à Claude... il va sans doute tripper à te lire... de bons vieux souvenirs pour lui aussi!

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  4. Salut Jean-Sébastien,
    Excellent ton Blog, à 44 ans j'ai tenté un retour au vélo l'an passé, j'ai fait quelques sorties avec le club de Chambly. Je peux te confirmer que la passion revient immédiatement, tout juste avant les problèmes musculo-squelettiques… Ah oui et ce retour s’est fait sur mon rutilant Desmarais d’origine en plus de cela, oui oui il en reste au moins un en circilation….

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