S'initier au vélo dans les années 80...

J'me lance cette fois dans une petite rétrospective de mon monde à vélo alors que j'y mettais les pieds au début des années 80. Souvenirs qui vous aiderons à vous remémorrer les vôtres.

Mes parents étaient très sportifs à ce moment. D'ailleurs, ils le sont encore à la fin cinquantaine. J'ai même entendu ma mère dire le mois passé "fais 2 jours que j'ai rien fait, j'm'en vais jogger, j'pu capable !!!". Placez mon père dans un gym et en une heure il va connaître tout le monde et ça va finir en 5 à 7 après un 2 à 5 de social/gym...bref on retient pas des voisins. 

Au début des années 80 mes parents s'étaient achetés des vélos de cyclotourisme. Kessé qu'ils ont commencé à nous faire faire alors que je n'avais que 10 ans (et ma soeur 8 !!!)  ??? Des trips de 5 à 7 jours de cyclotourisme.  Avec les bagages là. Pas un relais-motel.  Un relais-camping.  J'me souviens très bien de l'une de ces journées.  Parti de Trois-Rivières sur la 138 vers MTL, but à atteindre. Vent de face pas possible, le dodo s'est fait à Yamachiche !  Fallait pas être pressé ! Je referais la même ride sur une jambe et reviendrais sur l'autre maintenant mais c'tais quelque chose à cet âge et avec ces bagages. Surtout pour ma soeur. Pôvre elle, 8 ans et pas tout à fait aussi crinquée sport que moi. J'pense qu'elle a compté les lignes jaunes tout le long cette journée là. Mes parents devaient tellement s'emmerder à l'arrière ! Mais ce n'étais pas toujours comme ça. Des fois, vents de dos, on skippait le camping prévu et arrêtais 20 bornes plus loin. Hé, ils étaient en vacances, pas de prob ! Pour les bagages, ma soeur avait surtout de quoi dans les sacoches, mes parents et moi on compensaient avec des trucs qui montaient jusqu'aux lignes d'Hydro.  Rapport poids sur le vélo/ poids corporel, ils avaient compris que je devais personnellement en avoir plus. Même à cet âge j'aimais bien voir la différence de vitesse entre rouler et marcher. Une de mes seules frustrations de sorties à cette époque est d'avoir dû mettre pied à terre (une honte !) dans la Covey Hill près d'Hemmingford. J'ai toujours espéré y retourner pour me rendre compte de ce qu'elle est vraiment, cette côte.  À 10 ans avec des sacoches, c'tais un mur...

La sécurité sur les routes n'étaient certainement pas aussi bonne que maintenant. Des voies partagés sur les routes provinciales, y en avaient pas. Des casques sur la tête, y en avait pas ou si peu.  Nous, 1 casque pour 4. Et c'étais un Bell qui me donnait une tête de gland à la Caliméro...mais que de souvenirs sur quelques années. Un jour, un gars impressionné de nous voir avec autant de bagages et à vélo s'était fait répondre par mon père "Faut ben en profiter avant qu'ils veulent pu nous suivre", ben moi, j'aurais suivi 200 jours par années depuis !! Quels beaux trips.

Arrive ensuite tes premiers vrais sports.  Moi c'étais soccer-hockey et ça roulé comme ça pendant presque 5 ans.  Et roulé itou pour de vrai. Parce que la maison était à 15 km du terrain de soccer et le kid aimait être autonome.  Alors j'y allais à vélo ! Arrive pour la pratique, le coach nous demandait de faire des tours de terrain en guise d'échauffement...moi j'venais de m'taper quoi, 40 minutes de vélo ? On pratiquait 1h30 et je retournais chez moi pour un autre 15 bornes et jouer à C.H.I.P.S avec d'autres amis...à vélo à défaut d'avoir des motos.  À force de faire ce genre de routine, tu dévelloppes tes mollets !

À 12 ans, ils organisaient des critériums à côté des terrains de soccer au Cap de la Madeleine.  Daniel Périgny était dans ses dernières années de vedettariat provinciale à cette époque. Il avait entre autre gagné la montée du Mont Washington en tout cas (si ce n'est pas plus d'une fois) ! J'me présente là chez les minimes, avec mon vélo de cyclotourisme, mes espadrilles, mon T-shirt, mes pantalons d'édu'c gris coupé à la boardshort, mon casque de Caliméro Bell à la tête de gland, mon mirroir et mes guidons foamés.  Ce fut mon premier bonkage à vie. Bonkage = pu de son, pu de lumière pour 15 min passé la ligne d'arrivée. Couché au sol alors que la terre vient d'accélérer sa rotation (tu parles d'un moment pour faire ça)...mais maudit que j'avais aimé !  J'sais pas trop pourquoi mais j'y suis revenu 2 ans plus tard, pour de bon.

À 14 ans, Bob Desmarais,  personnage coloré des années 80 (et rival d'affaire de Périgny), tenait une boutique et fabriquait des vélos à la main.  Il cherchait des jeunes, je vais à la réunion du printemps et trouves ça cool. 1000$ plus tard emprunté à 0% à mes parents, j'avais de quoi pédaler en Colombus AL, rose et blanc.  J'me fais rapidement des amis de mon âge (essentiel quand tu commences) et je fais plus que rapidement connaissance avec mon deuxième Bonkage, lors de la première sortie de groupe avec les plus lents. Vous vous souvenez de votre première sortie de groupe ??? Sur 40 km, j'ai zigzaggé les 20 derniers, plats comme une crêpe.  Qu'est-ce que l'on mettais dans les maillots à cette époque pour s'aider ? Des gels ?? Ben voyons, la maltodextrine était connu par son cousin le fructose et c'est tout.  On mettait des pruneaux esprit ! Ça bourrait le temps d'essayer de ne pas avaler le noyau...Par contre, quand le gars en gobbait un en course,  c'tais l'temps de lui mettre une mine !!!

Un des entraînements à la Rocky Balboa de l'un de mes amis consistait à faire un 40 bornes en ayant attaché un  vélo à l'arrière...avec un gars dessus.  Des intervalles ?? C'est quoi ça ! Chaque training terminait dans l'tape.  Après 1 mois et demi, première course régionale, j'me fais larguer et casse ma roue arrière en passant dans un trou. Bienvenu !! J'avais des rayons roses sur ma roue d'origine. Pas sur la seconde.  Deuxième course, encore largué ! Batinsse. J'me tanne et mon père comprend.  Il a une formation en éducation physique.  Il lit et me revient avec une proposition qui va changer toute ma vie: "Vient, on va t'amener rouler dans l'parc national de la Mauricie". Ok, moi je n'ai aucune idée de ce que c'est ou presque.  J'ai vu et j'ai sû.  62 km, aucun plat.  2h30 la première traversée, gearé 42 x 21. Souvent sur le 21, très souvent. Mon père avec les 4 flashers qui me suivait à l'arrière. On y retournes 2 jours plus tard, j'enlève 20 minutes. Le paternel doit aller au garage fait changer sa cluch.  La course régionale suivante je termines quatrième et comprend quelques chose:  force à l'entraînement, ça paye.  La semaine suivante je fesais mon premier crit provincial et terminait au sprint avec d'autres débiles.

C'est dur commencer à vélo.  Faites pas ch&*(? votre chum s'il commence. J'ai toujours détesté le gars qui attaque sans cesse ou accélère le rythme alors qu'à l'arrière, y a un gars qui commence et veut juste apprendre à aimer ça.  Il est meilleur que vous dans d'autres domaines, c'est juste que là vous êtes sur un vélo. Rappelez-vous vos débuts !

Hier, j'me préparais à jogger avec le chien.  Ma fille de 4 ans arrive à côté et voit me préparer.  Elle lance: "je veux y aller moi aussi".  À 4 ans ? Ok.  Elle a jasé pendant les 6 min 30. Une vraie mémère.

On ne retient pas des voisins que j'vous dis.