Je vais me garder une gêne ce soir.
J'viens de perdre une connaissance sportive. 54 ans. Cancer de l'oesophage. Plutôt tranquille comme gars. Un maudit bon gars pour ce que j'en ai connu. C'est une connaissance alors je ne m'avancerai pas sur les détails mais il n'avait pas d'enfant. Ça change rien pour moi. Je n'ai pas besoin non plus de condoléances. Mais c'est con pareil.
Le gars était un tabouère de sportif. Un sincère trippeux vélo. Ligue majeure là. Le genre de gars à prendre son char et aller se taper 3 heures juste pour rouler dans les côtes de Charlevoix un vendredi. Alain était parmi les premiers au Québec à rouler sportivement au printemps et parmi les derniers à l'automne à débarquer. Connu de tous les cyclistes en Mauricie. Aucune implication en compétition (il a un homonyme qui compétitionne maître B, aussi de Trois-Rivières, prière de ne pas les mélanger). Il devait rouler autant sinon plus que bien des séniors moyens québécois. Pour moi Alain Poisson était mon Ti-Bocal, pour ses vrais amis il était Ti-Poids. 130 livres mouillées probablement. Avec ses bikes en Titane et roues de grimpe, il devait y avoir 145 livres entre lui et le sol. Certainement moins ce matin. Une longue route pavée l'a ramassée.
Le seul gars que je connais qui s'est échappé le Leg Press sur le chest et s'est fracturé des vertèbres lombaires il y a quelques années en saison hivernale. Avec sa shape de grimpeur, c'étais presque prévisible. Le Alberto Contador de Trois-Rivières ouais! Le seul gars que je connais qui nous E-mailais ses résultats de tests hématologiques jusqu'à tout récemment. Albeto ne ferait pas ça par contre. C'est con, j'avais remarqué son absence de mail dernièrement et demandé à ma blonde il n'y a pas 2 jours si c'était correct de lui en faire parvenir un avec la seule mention "Ça va ?". Non ça n'allait pas. Merci bien de la réponse franche...m'en serait passée.
Je l'ai perdu de vue il y a 7 ans en quittant la région mais on se parlait par mail de temps en temps. Il s'informait de mes résultats de courses pcq cet été il m'a envoyé un message avec une photo de moi aux inscriptions de la coupe des Amériques. Qui a vu ça ? Personne sauf lui. Dans tous les mails de filles nues qu'on reçoit il était ma première adresse à faire un Forward...à qui je vais faire ça maintenant ?!
Le sportif passionné fait beaucoup d'effort pour garder la santé, entre autres. Pour ne pas claquer d'une crise cardiaque dans son sommeil ou couché sur sa blonde. Pour ne pas avoir les facteurs de risques associés à la sédentarité (hypertension, cholestérolémie, diabète de type 2 et autres criss de niaiseries habituellement réservées aux personnes qui nous disent "faut bien mourir de quelque chose"). Même certains types de cancer se trouvent éloignés un peu plus des sportifs (colon entre autre, poumon si la clope est absente), bref on se donne des chances. Rien de garanti par contre. Mais on se donne des chances tout de même. Et là, BANG! le sort nous en jette un pas prévu. C'est plus que de la frustration, c'est une sorte de résignation consciente que je déteste. Ça peut nous tomber dessus à n'importe quel moment, comme un accident.
On coûte pas mal moins cher à la société en étant en santé et en faisant un minimum attention à soi. Et par dessus tout, ça nous fait du bien autant physiquement que psychologiquement. Faites ce que vous voulez de votre vie, moi je suis à l'opposé du gars en jaquette avec son soluté entrain de fumer en dehors de l'hôpital. C'est des décès comme ça qui me choque. Plus que la plupart des accidents.
Pourquoi j'ai l'impression que lorsqu'une maladie comme le cancer nous frappe on se trouve isolé ? Seul ou presque avec notre combat. Et que seuls les survivants qui l'ont combattus nous comprennent ? Psychologiquement surtout je parles. Je ne dis pas que c'était son cas. Ce n'est qu'une impression. Mais à la vue des ses E-mails j'ai pris 1 minute pour me mettre à sa place. Plus les mails avançaient, plus j'me disais "batinsse, c'est trop long son affaire". Je pense que c'est ça qui me touche le plus. Le moment de résignation. Quand les médecins te disent "y a pu rien à faire". Comment est-ce que l'on réagit ?! C'est un peu comme élever des enfants, y a pas de manuel à ça.
Bref, dans sa maladie il m'a rappelé un autre ancien combattant, Lance Armstrong. Lance et Alain c'était pareil là-dessus. Les deux allaient pédaler entre deux traitements quand leur santé respective leur permettait. Il y en a des millions d'autres histoires comme celle-là, désolé de vous en rappeler une qui vous est chère.
J'ai déjà passé une nuit à soigner les petits bobos de centaines de personnes participants au "Relais pour la vie" de la société canadienne du cancer. Une marche de 12 heures de nuit avec des chandelles pour chacune des personnes ayant affrontées avec succès ou non le cancer. J'avais prévu être là 2 heures. Il mouillait à boire debout cette fois là à Magog, j'avais une course le lendemain matin à Laval. J'suis rentré pas mal plus tard, à 3hrs du matin, sans prévenir ma blonde (appeler à 2hrs, c'est pas dans mes habitudes...). Elle m'a croisée sur l'autoroute en allant me rejoindre sur le site pensant qu'il m'était arrivé de quoi. Oui il m'était arrivé de quoi. J'ai groundé avec les gens sur place et leur énergie. Ma petite B.A., n'était rien. Je me suis levé le lendemain pour la compé...trèèèèès motivé je peux vous le dire.
Dans ta quête de légèreté, tu viens de gagner mon Alain. Prépares des routes pour nous. Un des ces quatre on ira voir ça. Prends ton temps, ça presse juste pas. T'as en masse de temps pour alléger ton vélo...
Mes condoléances quand même JS. Je sais ce que tu veux dire, l'isolation, l'impuissance surtout... Devant une saloperie de maladie qui peut nous faucher n'importe quand. J'en ai ma claque du cancer si tu veux savoir! J'espère qu'un jour on pourra parler de ce fléau au passé. Tellement d'athlètes ou moins athlètes sont partis trop tôt, trop vite... Bref, je ne connaissais pas Alain, mais salut quand même Alain, bon voyage. Est-ce possible dans ta préparation de route que JS te demande que tu fasses rien d'aussi à pic que Ste-Irénée??!! Sinon moi j'y va pas! ;-)
RépondreSupprimerC'est au club Cycliques de la Mauricie que les condoléances vont.
RépondreSupprimerSalut le Z.
RépondreSupprimerTon texte montre une sincère empathie: c'est beau.
C'est bien écrit et tellement vrai...j'ai eu la chance quelque jour avant de lui dire un salut et une belle accolade que je n'oublirai jamais...Gi
RépondreSupprimerSalut Jean-Sé,
RépondreSupprimerj'aime bien le temp que tu a prit pour faire cette article, se que j'aime dans le sport plus que tout au monde c'est qu'il y aura toujours un fan d'un fan d'un gars qui fait de la course, se que je veut dire qu'il y a beaucoup de gens qui admire en silence se que l'on fait ou accomplie dans notre vie peu importe si on est bon ou pas, parce que la vrai valeur c'est l'intention, la détermination et le desir interrieur qui inspire les autres, autant Alain pouvait vous admirez parce que vous ausiez faire de la compé. autant toi jean-sé devait à quelque part avoir de l'admiration pour Alain de par son amour du sport et ça détermination à aller au bout du monde pour trouver la bonne bosse à grimper.
Le plus important dans tout ça c'est de faire se que tu a prit le temp de faire Jean-Sé, la reconnaissance d'une bonne personne, comment elle est partie, ça c'est une autre histoire, mais la reconnaissance c'est magnifique, si toute les personnes prenaient que 5 min. par jour pour mettre en action la reconnaissance de tout et de chacun, croiyer moi il y aurait moin de cancer dans se beau monde.
Merci Jean-Sé pour ton article, ton action me touche beaucoup et est un exemple fantastique, au plaisir mon chum,
Séb Pilotte
Je suis content J.S. qu'une personne comme toi prenne le temps de rédiger un texte pour se souvenir d'Alain. Depuis que j'ai appris que le cancer le menaçait, à toutes les fois que je passais en avant de sa résidence de Pointe-Du-Lac, souvent avec ma fille ou mon garçon, je regardais vers sa maison et j'étais vraiment triste. Après avoir passé sa maison il y a un faux-plat montant et curieusement je poussais encore plus fort sur les pédales. C'est peut-être la rage qui montait en moi à cause de cette satanée maladie. Plus loin je me trouvais chanceux d'être en santé et pouvoir pratiquer ce merveilleux sport qu'est le cylclisme avec mes enfants.
RépondreSupprimerMerci Jean-Sébastien et Bon voyage Alain!
Ton homonyme Alain Poisson
Salut J-S,
RépondreSupprimerTrès touchant ton "post". Je ne connaissais pas beaucoup le bonhomme mais Alain travaillait à la même usine que moi donc je le croisais souvent. J'ai roulé avec lui à une occasion. Un chic type s'il en fut un et tes quelques lignes m'ont permis de mieux le connaître...trop tard...
Merci!
Éric
On viens de lire la nouvelle sur Vélocia dont Alain était membre.... bien triste en effet. Je tiens à te remercier pour ton témoignage qui m'a ému, une belle plume qui ne fait pas dans le style pour faire du style....
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