Mon partenaire d'entraînement

Personnellement, 2010 a été sur le plan sportif une année de merde. Solide. Le tiers de ce que j'avais prévu.  Jusqu'à la température bizarrement chaude de décembre, sauf pour les premiers mois de l'année, y a toujours eu quelque chose pour déranger mes plans sportifs.  Habitué depuis 15 ans à m'entraîner 5-6 jours par semaine, ce fût une année qui m'a fait chuter à 3-4 trainings/semaine. Et le nombre d'heures par séance a également chuté.  Comme disait Forest Gump "Y a des jours comme ça, où y a pas assez de roches...". Ben pour moi y a des années, comme ça...où y a des choix à faire !

Cet automne j'espérais donc avoir une neige hâtive pour me refaire un peu en ski.  Bonne manière aussi de tester mon dos fragile depuis un an.  Ben non, y a rien au sol ou presque !  Alors je me suis résigné et me dirige maintenant vers le coaching. Ouaip. Et pour un premier essai j'ai trouvé tout un athlète.  Un monstre de 27 livres, frisé noir.  Parle en jappant.  Mes talents de coach, je les testerai en premier sur les animaux !  Yes sir !

J'ai décidé que le chien familial servirait à plus que de faire des crottes dans la cour ou japper comme un vrai système d'alarme.  Depuis mon déménagement fin mai, j'étrennes ma boule de poil sur 4 pattes.  Une à deux fois par semaine, j'ai donc une sortie de gars avec Charlie le chien.  On jase de tout.  Mais surtout de rien.  À moins d'un an et demi, il s'exprime encore mal.  En fait, j'ai très souvent mon Ipod sur les oreilles et les siennes ballottent au gré de la vitesse que je lui impose.  Sauf pour les 5 premières minutes.  Là, c'est lui qui m'en fait baver.  Moi qui déteste commencer les trainings rapidement j'suis gâté avec Charlie.  Le pattes dans l'fond dès la première minute.  Un vrai débutant...

Ça commencé avec des 20 minutes.  Après 6 semaines au mois de mai à rien faire, j'aurais même pas pu faire 40 minutes anyway.  Y comprenait rien.  Parti au sprint dès le départ j'ai dû le détacher dans un champ pour qu'il comprenne le LSD.  Long slow distance.  Le gars est un sprinter à fibre blanche.  J'essai d'en faire un coureur de fond à fibre rouge, vous suivez ?  Maintenant ça peut durer 1 heure.  Pour un cockapoo, ça doit pas mal être celui qui est le plus en shape au Québec...encore un peu et je vais devoir faire des canicross dans pas long !! http://www.canicrossquebec.org/

C'est ça, changer de ville.  J'connais personne ici.  Mon chien est donc pour l'instant mon ami et partner d'entraînement en jogging. Ça m'évite de devenir cinglé.  Cet été, je roulais donc 3-4 fois et joggais 1-2 fois avec mon ami poilu.  D'ailleurs, l'été prochain je lui rase les jambes. Ça pas d'allure.  Charlie, t'es out avec ton poil.  Faut qu'il entre dans le rang...

On est pareil sur plusieurs points.  Comme moi, il aime être dehors.  Comme moi, l'automne il jogg.  Et comme moi, et plusieurs d'entres vous, ben, il aime ça faire des numéros 2 au jogging.  Et lui, il fait ça partout.  À tout moment j'ai un p'tit stress qu'il dump devant la maison de quelqu'un dehors ou en traversant une artère... 

Une chance qu'il est là pour me motiver.  Si j'ai le malheur d'être écrapou dans le divan et que je suis seul à la maison, il vient s'installer dans ma face et commence à me dire:

"Hey le gros, arrête de procrastiner, fait 4 degrés dehors, tu bikeras pas anyway l'automne à cette température..."

"Ok mon chien, des intervalles dans une côte ça te tentes-tu ?"

"Wouf, si c'est comme l'autre fois où la montre sonnait aux 30 secondes et que j'y comprennais rien, ok."

"Non cette fois, j'ai le goût de monter des côtes, j'vais te montrer, met tes souliers on s'pousse." "Oubli c'que j'viens dire, menute j'm'habille".

Et là, après un échauffement à vitesse de tortue je trouves une côte tranquille où je pourrai le laisser courir sans laisse.  Sur 10 montées il en fera 4 avec un enthousiasme débordant, partnenaire parfaitement motivant.  Passé cette étape il joue au partenaire "chu pu sûr de ce dans quoi je me suis embarqué ".  Il arrête au milieu de la cinquième descente et en me regardant il me dit, essouflé : "Criss t'es perdu ou quoi Zahra, ça fait 5 fois que l'on passe ici, t'as un gros nez mais y a pas l'air à sentir grand chose...". Pour les 4 dernières montées c'est moi le Roi, il suit dans mes pas, résigné.  Ça c'est le partenaire "tu vas payer mon estie, aujourd'hui chu fru de mon année et je bauches, j'te l'avais juste pas dit".

Le problème c'est que j'avance pu pantoute depuis le mois de mai alors j'ai aucun mérite.  C'est très bon pour l'égo courir avec lui, j'suis certain d'être capable de le brûler et il chialera pas.  Ne vous ne faites pas, il est loin d'être magané !! Mais comme je suis out of shape, j'le fait manger juste avant...au cas où il progresserais plus vite que moi...

J'ai dévellopé avec Charlie le même principe que le chien de Pavlov.  Son renforcement positif lui, c'est le bruit de ma montre. Le problème, c'est que dès qu'il entend ma sonnerie il s'excite et part en fou. J'm'amuse donc à la faire sonner alors que je suis étendu sur le divan...et je vois arriver cette boule de poil plus vite que l'éclair, bon truc pour qu'il écoute en tout cas !

Comme modèle parental jogger c'est bien, mais avec le chien en plus ça fait des jaloux.  Et ça risque de monter la compétition à l'interne. J'en ai une de 4 ans qui vient de me demander pour la deuxième fois en un mois d'aller courir. 7 minutes que ça pris.  Avec des bottes d'hiver dans les pieds.  Elle je la surveille,  je l'observe, j'la check.  Elle risque d'être un jour plus coriace que le poilu...alors je l'entraînerai pas trop sinon je pourrais le regretter...